Les news du marché

Pourquoi l’augmentation du Dax a été une opération négative

L’élargissement du Dax de 30 à 40 titres a – pour l’instant – plutôt entraîné des pertes pour l’indice directeur, explique le stratège en actions Sven Streibel. La Commerzbank pourrait bientôt réintégrer le Dax.

La Commerzbank va-t-elle bientôt revenir dans le cercle des principales entreprises cotées en Allemagne ? C’est tout à fait possible. Lors de l’examen de l’indice directeur allemand le 19 décembre, le groupe de Francfort aurait toutes les chances, de par sa capitalisation boursière, de réintégrer le cercle illustre des 40 titres du Dax. En effet, si l’on se base uniquement sur la valeur totale des actions en circulation de l’entreprise, la Commerzbank fait déjà partie du top 40 de la Bourse allemande. Mais cela ne suffit pas encore tout à fait pour l’indice directeur.

Depuis que le Dax est passé de 30 à 40 valeurs il y a un peu plus d’un an et qu’il a été réformé, il existe d’autres critères que les entreprises doivent remplir pour être admises. L’un d’entre eux empêche encore actuellement le retour de la Commerzbank : les entreprises doivent présenter un bénéfice d’exploitation pendant au moins deux années consécutives. L’Ebitda de la Commerzbank, c’est-à-dire son bénéfice avant impôts et intérêts, était encore négatif l’avant-dernière année. Ce n’est qu’avec une nouvelle année bénéficiaire que les signes changent.

Wirecard a fait son entrée dans le Dax à la place de Commerzbank.
En septembre 2018, Commerzbank avait été éjectée de l’indice phare de la Bourse de Francfort – et justement remplacée par Wirecard, la fintech munichoise à l’origine du scandale, encore célébrée à l’époque. Pour Commerzbank, cette relégation a été un tournant, car le groupe francfortois était un membre fondateur de la courbe de fièvre de Francfort.

Mais l’ascension dans le Dax – indépendamment du gain d’image et de l’image de soi d’appartenir aux meilleurs titres de la Bourse – est-elle synonyme de revalorisation de l’action ? Dans le contexte régional, oui, car ce sont justement les investisseurs allemands et européens qui s’orientent toujours volontiers vers le segment d’actions premium allemand, explique Sven Streibel, stratège en chef pour les actions chez DZ Bank à Francfort. Mais malgré leur orientation internationale, ces valeurs montantes de l’indice ne deviennent pas forcément une concurrence sérieuse sur le marché international des actions.

Le Dax a perdu de son importance au niveau international
Au fil des années, le Dax a perdu de son importance sur le plan international, notamment par rapport au marché américain, important du point de vue européen. Les risques conjoncturels mondiaux ont fait chuter les cours et donc la capitalisation boursière des champions allemands de l’exportation, tandis que le secteur technologique à forte croissance est sous-représenté, notamment par rapport aux États-Unis.

A l’occasion du premier anniversaire de l’augmentation du Dax, Streibel s’est demandé si l’indice avait profité de l’augmentation à 40 valeurs. Le résultat est plutôt décevant : depuis l’augmentation en septembre 2021, le Dax a perdu environ 8,5 pour cent. Et si l’on considère les nouveaux titres, dont font partie Delivery Hero, Zalando,+ Hello Fresh, Puma et Sartorius, ces valeurs ont contribué pour près de la moitié à la perte totale de l’indice, elles font partie des principaux perdants sur cette période. Les actions de Delivery Hero et Hello Fresh ont toutes deux perdu plus de moins 70 pour cent de leur valeur, et Zalando a subi une baisse de 64 pour cent. « La conversion du Dax a donc malheureusement été une opération négative jusqu’à présent », conclut Streibel.

Le Dax malgré tout recommandable en 2023
Le stratège en actions voit un autre problème dans la composition de l’indice, spécialement depuis sa révision. En effet, alors que l’élargissement devait surtout apporter des valeurs fraîches dans le Dax et atténuer l’accent mis sur les titres industriels, cette masse industrielle a plutôt été agrandie, selon Streibel, par exemple par l’intégration d’Airbus. La dépendance du Dax à la conjoncture s’en trouve plutôt renforcée. « Le Dax est extrêmement dépendant de la conjoncture mondiale, en particulier des principaux marchés de vente que sont la Chine et les États-Unis ». Les faiblesses qui s’y trouvent pourraient difficilement être compensées dans la nouvelle composition. Les inquiétudes conjoncturelles auraient plombé l’année 2022 du Dax, et les nouveaux venus auraient plutôt nui à l’indice jusqu’à présent.

Selon Streibel, le Dax est malgré tout recommandable pour les investisseurs, il voit son objectif à 15 000 points fin 2023. « Ce n’est pas beaucoup par rapport au niveau actuel », reconnaît-il. Mais une hausse de trois à quatre pour cent représente une année boursière tout à fait moyenne et même correcte, compte tenu des facteurs de stress mondiaux toujours présents. Il faut s’attendre à ce que les entreprises cotées sur le Dax réalisent des bénéfices relativement robustes l’année prochaine également, et à ce que le rendement des dividendes soit élevé. Ces derniers agissent justement comme un amortisseur dans les phases de turbulences du marché et sont donc en mesure d’atténuer la volatilité potentielle des cours.